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Je suis une blogueuse… à chien ?


Parfois quand je suis assise à mon bureau, la page ouverte sur un beau blanc immaculé à chercher ce qu'il me ferait plaisir de vous raconter aujourd'hui, il vient s'allonger sous la table. Je glisse mes pieds sous son pelage. Il garde la tête relevée comme pour surveiller et puis la repose en soupirant. Je ne sais jamais si c'est d'aise ou de lassitude, c'est un puissant soupir. Un soupir de ceux qui feraient voler toutes les feuilles mortes de la cours. Quand c'est l'automne. Sa fourrure tient chaud. Aux pieds lorsqu'ils se glissent sous son ventre. Au coeur lorsque mes bras s'enroulent autour de son corps et qu'il pose son museau sur mon épaule.

Oui, j’avais toujours eu un peu peur des chiens, et ce depuis ma plus tendre enfance. Je ne les connaissais pas. Je ne différenciais pas chez eux l’agressivité de l’entrain à me saluer. Leurs dents me tenaient sur la défensive, qui savait ce qu’ils pouvaient en faire si l’idée leur prenait de me prendre le bras ?

"Monte" ou "Saute" sont probablement les deux
mots préférés de Jedi :-)

Et puis j’ai été attaquée par Shiva. On m’avait pourtant prévenue que ce chien n’était pas droit dans ses bottes, je savais qu’il ne fallait pas penser lorsqu’on passait devant lui. Il fallait se vider la tête et circuler sans s’arrêter. C’était un exercice périlleux. La moindre idée émergeait derrière vos yeux et ses oreilles et ses muscles se tendaient vers vous.

J’entrai dans le hall pour récupérer mes sandales. Je ne sais plus quel mot me vint soudain en tête et je l’entendis grogner dans mon dos. Il tournait autour de moi. Je sentais sa masse sombre s’approcher à pas puissants de loup. Je sentais son corps vibrer à la fréquence de celui qui ne fait pas que prévenir. Surtout ne pas bouger, me disais-je, quelqu’un va arriver. Je savais qu’il ne fallait pas que je croise son regard, que c’était la dernière chose à faire, mais je ne voulais pas non plus fermer les yeux. J’ai voulu tourner la tête vers lui, j’ai voulu évaluer la distance, j’ai voulu tester mon courage juste une seconde. Je ne voulais voir que sa silhouette, juste son ombre… et mes yeux furent soudainement pris dans les siens. Moins d’une seconde, juste le temps de savoir qui de nous deux étaient la proie.

Et il bondit sur moi. J’eux le temps de me retourner pour protéger mon visage. J’eux le temps de faire un pas vers le mur, pour avoir un appui. Shiva appuya sa patte sur mon mollet en retard pour sauter vers mon cou. Je n’eux pas le temps de crier, quelqu’un arriva, il tenait Shiva par le cou. Quelqu’un d’autre arriva, il m’aida à me protéger derrière le portillon des escaliers. Shiva fut emmené loin de moi, par la force.

Un long trait comme la couture d’un collant brillait rouge sur ma jambe. Ce fut ma seule blessure. Une demie heure plus tard, je croisai de nouveau Shiva. Il avait oublié l’attaque, il leva un sourcil à mon passage et ne réagit pas davantage.

 J’habitais avec l’Explorateur dans un petit garage aménagé au rez d’un jardin. Notre propriétaire venait d’adopter un chien, un gros et beau chien, du même gabarit que Shiva. Lorsque nous pénétrâmes pour la première fois dans ce jardin nouvellement habité, le chien nous regardait avec crainte du haut des escaliers.

Doigt levé, petit geste pour dire "attends"

L’Explorateur a toujours aimé les chiens, et les animaux de façon général sont attirés par lui. Vous ai-je déjà dit que traverser une forêt avec lui implique forcément de croiser une famille de chevreuils ou de sangliers ? Vous ai-je déjà raconté les envols de couples de pics-verts ? Vous ai-je déjà dit qu’il avait nagé parmi les poissons lune dans les Calanques de Marseille ?

Ce chien peureux parce qu’il avait été abandonné, parce qu’il avait été retenu plusieurs semaines à la SPA, ce chien tout juste adopté puis laissé dans le jardin, ne s’approcha pas de l’Explorateur. Je me tenais en retrait derrière François, je craignais que la bête change d’avis à notre sujet et décide de nous mettre dehors. Et puis je croisais son regard, aussi aimanté que celui de Shiva mais ce que je vis dans ses yeux n’avait rien d’un prédateur. Je m’approchai des escaliers, je tendis la main en imitant les gestes de François et le chien accepta de descendre pour nous saluer. Il accepta mes caresses, il voulait que je le protège de François qui l’effrayait, grand comme il est !

Quelques mois plus tard, l’idée me prit. Je dis à l’Explorateur : « Dès que la petite loutre saura marcher, nous adoptons un chien, ça te dit bien ? » Et ça lui disait bien. Il me fallait un chien au pelage clair, j’avais gardé une crainte certaine des chiens foncés comme l’était Shiva. Il me fallait un chien qui aboie peu, je suis très sensible aux sons qui claquent, comme les feux d’artifices (le 14 juillet, je deviens une ermite), comme les ballons qui éclatent, comme les chiens qui aboient. Je ne m’approchais d’ailleurs jamais d’eux principalement à cause de ça.


La neige, c'est son élément, y'a pas de doute !

Et puis je rencontrai Jedi.
Et je me rends compte à présent de tout ce que j’aurais pu manquer si je m’étais accrochée à cette peur.

Je ne pensais pas qu'il serait si bon de l'avoir prêt de moi. Je ne pensais pas que les larmes brilleraient dans mes yeux comme ça lorsque mes doigts s'enfoncent dans son poil. Je ne pensais pas que le poids de son corps contre le mien, quand il s'abandonne entièrement à ce moment de tendresse, pourrait ainsi extérioriser mes craintes, mes contrariétés, mes déceptions, me reconnecter à ce que je suis dans le présent, loin d'un passé plus ou moins proche mais toujours collant et frustrant.

Il est joueur et puissant. Il pleure comme un loup amoureux de la Lune lorsqu'on le laisse seul. Il fait le pitre durant le cours d'éducation. Il adore courir derrière les chats et j'ai parfois peur qu'il fasse une mauvaise rencontre dans sa folie. Il saute de joie lorsqu'il nous voit sortir le vélo et qu'il sait qu'il pourra nous tirer sur de longs kilomètres. Il grogne dès qu'une nouvelle personne entre dans le bâtiment. Il ne manquerait jamais un départ de l'Explorateur pour son travail, toujours au rendez-vous à la fenêtre pour un dernier coucou.

Il vient lécher le visage de la petite loutre qui fait la sieste sur le canapé…

J'aime comment nous nous connectons pour travailler, ma voix, ma main, une balle jaune, son intérêt, mis bout à bout. J'aime la promptitude avec laquelle il ralentit lorsque mon pas ralentit, avec laquelle il se met au petit trot lorsque je me mets à courir. Et puis stop, assis, et ses fesses qui se collent au sol. Je sais que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir tous les deux pour que nous puissions parfaitement nous comprendre et communiquer, moi avec ma voix, lui avec toutes ses postures, mais je suis ravie de la direction que nous avons prise.

Il adore porter toutes les affaires de la famille,
ça le rend important.

Lorsqu'en sortant de chez le vétérinaire, lorsque j'avais oublié sa laisse et son collier, que la petite loutre refusait de me prendre la main, que les voitures passaient dans la rue sans ralentir, je n'ai eu qu'à lui dire "Jedi, à droite, on rentre" pour qu'il prenne la bonne direction et court s'assoir devant la voiture. J'ai bénit les dieux de le savoir si intelligent. Lorsqu'à vélo je n'ai pas vu la borne incendie surgir sur le trottoir, lui à gauche, moi à droite sur le vélo, la laisse dans le milieu, il a fait un écart merveilleux vers moi pour nous épargner l'accident, j'ai encore bénit les dieux pour sa vivacité. Je peste lorsqu'il disparait la nuit couchante dans la forêt, à la poursuite de je ne sais quel animal, mais je soupire de le retrouver derrière moi, essoufflé et rassuré parce qu'il pensait m'avoir perdue pour toujours.

 C'est parfois étrange de vivre avec un animal. D'ajuster ses exigences d'humain. De découvrir des besoins qui ne nous sont pas propres. D'apprendre qu'il ne me doit rien. Et pourtant, de le voir tous les jours plein d'amour, toujours. Quelques soient ma bonne humeur, ma perspicacité ou l'intelligence du moment. Ca nous apprend beaucoup de voir tant d'amour. Ca nous interpelle. Ca nous appelle. Je me dis souvent : et pourquoi pas moi aussi, pourquoi n'ai-je pas tant d'amour ? Alors ce n'est plus moi qui lui apprend à comprendre des mots français, c'est sa sagesse brillante, son regard, mon coeur et mon aspiration qui, mis bout à bout, se mettent au travail.

Quand j'entends ici et là comment les expressions avec les chiens sont tournées, je me dis que l'être humain s'est quand même bien fourvoyé. Pas nécessairement sur le compte du chien, mais plutôt sur le sien. Sur la loyauté, sur l'amitié, sur le goût de l'effort. C'est comme si ces qualités gênaient, comme si l'humain ne voulait pas voir leur valeur, comme si elles pouvaient le rendre faible. Mais je demande à présent ce que signifie vraiment être faible. J'avais peur il y a quelques années que l'on voit qui je pouvais être. J'avais peur qu'on me voit vraiment et qu'on utilise ce savoir contre moi. Mais finalement, je remarque à présent que plus je suis transparente, plus je suis forte. Parce que ne plus se cacher, c'est aussi ne plus pouvoir recevoir ce qui ne nous appartient pas.

A ceux qui se disent pris dans l'étau de la réalité des autres, à ceux qui pensent que l'autrui les gêne dans leur réalisation, je dirais que c'est cette même erreur humaine qui dit ce qui est chien pour tout ce qui les mets finalement face à leur propres faiblesses. Oh mais quel temps de chien ! Tu es d'une humeur de chien ! Il le suit comme un petit chien… La sensibilité, l'intelligence, traiter les autres avec délicatesse et bienveillance, non, ce ne sont pas des faiblesses. Je n'apprends pas à me nourrir d'elles pour me tenir un jour bien droite dans le monde, le bien être n'étant pas vraiment un objectif mais une posture, car finalement je ne suis qu'une aspirante. Vous ne me verrez jamais finie. Ma montagne n'a pas de sommet, il restera encore le ciel, l'espace, le vide.

Comment la réalisation d'un être humain pourrait avoir un but, une fin ?! Quelle idée messieurs-dames ! Laissez le chien s'allonger à vos pieds, dans toute sa simplicité, et vous saurez, un peu. Qu'il peut être bon de n'être plus grand chose, mais d'avancer encore.

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Céline.

Nomination et autres questions


J'ai reçu aujourd'hui un petit mail de la part de la blogueuse et futures écrivain (n'est ce pas ?) Pidiaime pour attirer mon attention sur son dernier article. Elle a été sélectionnée pour répondre aux questions du Liebster Award (si vous ne savez pas de quoi je parle, visitez donc son article, ou le mien qui explique tout bien tout ça aussi) et a pensé —entre autres— à moi en retour. Je suis naturellement bien flattée lorsqu'on pense à moi ! Alors sans la moindre hésitation, et aussi parce qu'en ce moment je suis un peu vide de mots pour ce blog (est-ce le signe qu'un nouveau roman pointe le bout de son nez dans mon coeur ?), je décide derechef de répondre à ces petites questions ! Et je ne vais pas m'arrêter là, parce que dans la foulée je répondrai aux questions de Dame Ambre parce qu'elles sont riches d'une poésie qui vaut le détour. Vous êtes prêtes ?

C'est parti pour les questions de Pidiaime :

1. Si vous étiez un personnage de série télé, qui seriez-vous ?
Bon, ça commence mal pour moi. Je vois déjà se profiler le choc culturel. Je ne regarde pas la télévision, vraiment jamais, et la dernière fois que je m'y suis intéressée c'était il y a tellement longtemps que j'ai oublié le noms des trois soeurs de Charmed… Ah si ! J'ai bien une idée ! Je n'ai pas son nom mais la série c'est Cameleon je crois. C'est un gars très intelligent… ah j'étais amoureuse de lui il fut un temps ! J'aimerais bien être lui. (Il s'appelle Jarod me dit François. Merci !)

2. Plutôt salé ou sucré ?
En ce moment, je suis plutôt umami, mais c'est vrai que ça dépend pour quoi. Le cappuccino par exemple : très sucré.

3. Si je vous dis fromage, vous répondez…
C'est une histoire drôle avec du gruyère. Dans le gruyère, il y a des trous n'est-ce pas ? Plus il y a de trous, moins il y a de fromage, c'est logique. Mais plus vous avez de fromages, plus il y a de trous. Donc plus il y a de fromages, moins il y a de fromage !!

J'adore cette blague.

4. Quel est le pays où vous rêvez d’aller ?
Je rêve d'aller en France ! D'ailleurs je rénove avec l'Explorateur un super combi pour visiter la France !!

5. Combien de personnes y a-t-il dans votre tête ?
Euh… Mon amoureux, ma fille, mon chien (ça compte ?), mes voisins, la nourrice de ma fille, mon amie Sheepy, les copines du LAPE, mes copines de danse, ma prof de danse, mes parents, mes frères, ma belle soeur, mes belles soeurs, mes beaux-parents, …

Je n'ai pas compris la question.

6. Seriez-vous prêt-e-s à faire du baby-sitting pour Zunie et Moisson ?
Sont-ils allergiques aux poils de chiens ?

7. Qualifieriez-vous Zunie de… 1) la meilleure des meilleures, la tellement bien qu’on a du mal à pas se prosterner devant elle, 2) trop méga trop belle et trop méga trop intelligente et trop méga trop géniale [non, cette question n’a pas du tout été sponsorisée par Zunie Inc.].
2)

8. 5 livres que vous emporteriez sur une île déserte.
Faut que ça soit des livres que je n'ai pas déjà lus parce que si je dois oublier les autres pour ne pas les emporter parce que ceux là comptent, je dis tricherie car j'ai passé mon enfance à lire et je ne veux pas du tout oublier cette partie de ma vie…
Donc ce sera le dernier tome de 1Q84 car il faut bien finir ce qu'on a commencé,
Une encyclopédie sur les plantes et les animaux du coin,
Un livre de Yoga,
Si c'est un homme de Primo Levi,
Guerre et Paix pour que ça me tienne au moins plus d'un jour…

9. Pour vous, avoir la paix, ça se résume à…
Avoir confiance en sa pensée et en son ignorance.

10. Montagne, campagne ou mer ?
Je ne sais pas choisir. Là tout de suite, je voudrais la mer. J'en parle souvent à la petite loutre : quand on ira à la mer… blablabla… Mais pas pour toujours. Pour pouvoir changer.

11. Si vous deviez choisir un mot, un seul, pour caractériser 2016 ?
Un-morceau-de-futur-déjà-un-peu-entamé. Je ne connais pas LE mot pour ça.

Voilà. Si l'envie te prend Pidiaime de te confronter à mes questions, n'hésite absolument pas.

Passons aux questions de Ambre…

1. Enfant, avais-tu un ami(e) imaginaire ?
Je ne sais pas si on peut appeler ça un ami imaginaire… C'était Camimor. C'était un justicier mais en même temps pas toujours très sympa. Il était mi-homme mi-cerf. Il m'a quittée lorsque j'avais 6 ans environ en me léguant ses pouvoirs.

2. Quel est ton marque-page ? (Tu nous fais une photo peut-être ?)
C'est un très beau marque page qui m'a été offert par mon frère à Noël. Il y a plusieurs perles orangées avec une petite breloque en forme de renard au bout. Il va très bien avec mon livre.

3. Quelle émotion vis-tu le plus, jour après jour ?
La joie de vivre. Je ne sais pas si c'est une émotion. Le monde à travers ma peau. Comment dire ça en émotion ?

4. Qu’as-tu fait d’atypique ces derniers jours, ou dans ta vie ?
Rien du tout. (François me dit : "Rien du tout ?! Menteuse ! Tu as cloué un clou avec un verre. — C'est atypique, ça ? C'est nul, un autre : — Tu as mangé un croque monsieur au p'tit déj' ! — Bah toi aussi, ça compte pas, ça devient typique à chez nous du coup…")

5. Qu’est-ce qui n’existe pas ?
La certitude que tout existe. Enfin, je crois.

6. Que sais-tu ? 
Je sais que tout change, mais que ça ne signifie pas que rien n'existe.

7. Quelles questions te poses-tu ? 
Je me demande, l'éveil, quand sait-on ? Je me demande, la mort ? Je me demande, aussi beaucoup non pas pourquoi mais comment car la manière m'importe tandis que le but m'indiffère toujours. Je me demande si je vais être quelque chose un jour avec ce genre de logique. Enfin, je me demande si c'est normal d'entendre partout qu'on cherche à m'effrayer avec ça.

8. A quoi ressemble ta théière, y a-t-il des fêlures ?
J'ai deux théières. La première est verte pomme, en métal, elle peut se mettre sur le gaz. L'autre est bien plus grande, en verre avec du métal en forme de feuilles pour décorer, mais elle ne va pas sur le gaz. Aucune n'a de fêlures.

9. Combien de livres lis-tu en même temps ?
2 ou 3. Parfois juste un, mais dans ce cas il compte double !!

10. Gardes-tu les secrets ?
Je garde les secrets, c'est vrai, mais disons que c'est plus une conséquence qu'une volonté de ma part. Disons que je ne parle pas des autres aux autres. J'avale, mais je ne régurgite jamais rien. La trophallaxie des intimités, ce n'est pas mon truc.

11. Raconte un souvenir, le plus doux ou le plus heureux. Un qui met des bulles d’arc-en-ciel dans la vie.
C'était le petit matin. Je me réveillais tout juste. J'étais bien dans mon corps. J'ouvrai la toile de la tente lorsque le soleil venait tout juste de sauter au dessus de la crête. Devant moi, la cascade brillait, l'herbe chantait à la brise. Le silence régnait, mais le silence mélodieux de la nature et de la tranquillité. J'étais une intruse ici, parait-il, mais jamais je ne me suis sentie plus à ma place. François se levait à côté de moi. Le soleil nous réchauffait tout juste, nous avions mis le thé à bouillir, nos paroles s'auréolaient de buée. Tout était magnifique.

Et dis voir, Ambre, j'aimerais bien que tu répondes à TES questions aussi. Elles sont belles.

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(Morning) Flou


Je me demande ce que signifie, avec précision, le mot "flou". Est-ce ce qu'on ne peut pas voir parce qu'on est insuffisant ? Insuffisamment rapide, savant, sensible. Ou existe-t-il une réalité absolument floue, où quelque soit l'infinie précision que l'on acquiert le flou reste flou ?

Je m'interroge ainsi sur ce qui est relatif et ce qui est absolu. J'ai souvent vu confondre les deux, et il me semble que la distinction est intéressante. Par exemple, la lune et les étoiles. Elles peuvent être floues parce que trop éloignées, on n'en discerne pas les détails. Elles peuvent être floues parce que trop rapides devant le temps d'ouverture de l'appareil. Mais peut-on leur trouver un flou absolu ? A l'échelle des atomes, c'est évident, je pense plutôt à un flou dans leur ensemble. Quelque chose de profondément insaisissable…

Le flou est à mot esprit comme un mot sur le bout de ma langue. Je sais qu'il est là, quelque part, mais je n'arrive pas à mettre avec certitude le doigt dessus. C'est bien flou tout ça.

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Shoes


Comme il y a des règles simples et d'autres qui sont complexes.

Comme la semaine trois qui ne dure que jusqu'au jeudi et que la semaine quatre quand commence-t-elle personne ne dit rien ?

Et les lacets, c'est plutôt simple. Celui du dessus maintient celui du dessous contre la chaussure. Mais pourquoi fait-on des lacets si longs qu'il nous faut faire des boucles pour ne pas marcher dessus ? Pourquoi les boucles, n'y a-t-il rien d'autre à proposer ?

Il y avait bien ceux des marins, dans un cadre au fond bleu, si parfaits si serrés qu'on croirait qu'ils étaient hors de portée. Et je l'ai cru un instant avant d'essayer. C'était simple, comme un scoubidou : celui du dessus tient celui du dessous mais doit être tenu aussi. Ca faisait de beaux noeuds mais aucun n'allaient sur mon lacet.

C'est un comble, je trouve. De n'avoir qu'un noeud. J'en ai fait d'autres, mais aucun n'était comme ces deux boucles. A croire que c'est un passage obligé, les boucles. Les lacets sont si longs car c'est la physique qui veut ça, il n'y a rien de plus simple que deux grandes boucles pendantes.

Comme il y a des règles simples et d'autres plus complexes. Je me demande ce qui est vraiment simple quand on ne s'endort jamais.

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Préparation pour vendre au porte à porte

C'est l'histoire d'un petit enfant qui ne voulait pas froisser le monde. Il était sensible à la moindre ride, à la moindre tache, aux prémices de désaccord et de tristesse. Il pleurait en voyant les sacs plastiques pris dans les branches des arbres, il pleurait lorsqu'il entendait les insultes, l'agressivité qui fusait parfois ici et là autour de lui. Il était bien décidé à ne pas y mettre sa patte, dans toute cette laideur insensée. Il avançait à pas de loup, il parlait peu, il avait bien compris qu'avoir réponse à tout n'était pas ce qu'on lui demandait et il était d'accord avec ce qu'on pensait de lui : pour qu'un paysage soit équilibré, beau, il ne faut pas qu'un lampadaire géant prenne toute la place.

On lui demandait parfois, par politesse je crois, quels étaient ses goûts. C'était une question terrible pour lui. Comment préférer ? Pour préférer, il faut tout connaître et ressentir quelque chose de plus pour un élément en particulier. Retirer l'utilité et le sens de tout le reste, artificiellement, reconnaître une supériorité quelconque pour une dimension donnée. Choisie arbitrairement ? Le petit enfant haïssait cette question. Il savait en même temps qu'il ne pouvait rien reprocher à personne, pour une fois qu'on s'intéressait à lui, il vexerait s'il disait que cette question ne le passionnait pas !

Alors le petit enfant répondait toujours en miroir. Il n'avait aucune préférence, jamais, et savait que s'il répondait mal, il n'aurait plus de connexion avec la personne qui l'interrogeait. S'il n'aimait pas la même chose que l'autre, si ce qu'il préférait ne lui parlait pas, c'était fini. Il aurait vexé quelqu'un, il aurait creusé un écart… alors le petit enfant répondait toujours en miroir. Il était doué. Il savait toujours quelle réponse on attendait de lui. Et le reste du temps il se taisait.

Un jour, ce petit enfant se trouva fatigué. On lui demandait soudain quelle était sa couleur préférée. Ils étaient en groupe. Tous contre lui, avec leur rouge et leur bleu, parfois violet et turquoise, tout un groupe contre lui. Son coeur s'accéléra. Il voulait ne pas répondre mais les sourires de ses adversaires lui montraient bien qu'il ne pouvait pas fuir. Il aurait voulu dire “Je n'ai pas de couleur préférée.” mais c'était impossible, n'est-ce pas ? Ils ne l'auraient pas compris.

Alors très vite il calcula. Quelle était la couleur la moins plébiscitée ? La plus rare dans le coeur des gens ? Cette histoire remonte à quelques années déjà (je pense que les goûts ont changé depuis) et la réponse lui sauta aux yeux. Il regarda toutes les personnes qui courraient et discutaient autour de lui, il définit pour chacun leur couleur préférée. Bleu, rouge, violet et turquoise parfois mais jamais… jamais… Et s'il tentait d'être rebelle, un peu marginal, juste une petite fois ?

“Je préfère le vert !”

Les regards ahuris autour de lui lui apprirent qu'il avait fait mouche. Personne n'avait encore pensé à préférer le vert. Il lut des regards admiratifs. Il lut des étincelles d'espoir ici et là. Ainsi donc il y a d'autres couleurs à aimer ? Je ne suis pas obligé de me tenir au rouge et au bleu, au violet et au turquoise ? Le petit garçon était mal à l'aise. Il se pensait toujours insignifiant et voilà que soudain, parce qu'il avait menti sur ses goûts, il se retrouvait au dessus du lot. Avec un petit pas grand chose. Un petit pas grand chose qui ne prouvait rien sur lui.

Mais c'était si facile soudain. Il avait trouvé sa réponse. Une réponse qui lui convenait, mais ce n'était pas la vérité. La vérité c'est qu'il voulait vivre dans un monde où il n'y aurait pas ce genre de préférences, où les hommes et les femmes regarderaient toujours dans toutes les directions, dans le passé et dans le futur, dans les sentiments, dans les impacts.

Cependant, son coeur s'ouvrit un peu. Le monde entra en lui. En secret. En fanfare, mais dans une fanfare que lui seul pouvait entendre.

- Jati Putra Pratama -
Etre prêt à s'aliéner pour toucher son monde ?

Je me demande maintenant ce qu'il se passerait si ce petit enfant osait enfin parler, qu'est-ce qui se passerait si ce petit enfant disait la vérité ? Ce qu'il sait, ce qu'il ressent… On ne l'écouterait plus, c'est vrai, mais existerait-il mieux ? Faut-il apprendre à se taire, pour être compris, apprendre à donner une préférence pour vivre ici ? Ou être soi-même est-il préférable ?

Je me demande juste s'il faut dire à ce petit enfant de continuer à mentir ou s'il peut se permettre de dire la vérité. Car je fais l'analogie entre lui et moi. Les années ont passé mais les choses n'ont pas beaucoup changé depuis. Peut-être qu'il est adulte maintenant ce petit enfant, peut-être même a-t-il des enfants, comment vit-il ? Comment les aime-t-il ?

Vous le savez sûrement, j'ai écris un livre il y a un an. Ce livre, je voudrais le vendre. Mais je suis embêtée car pour le vendre, je dois me montrer moi, mais pour ce faire dois-je mentir ou dire la vérité ? Dire que je l'ai écrit en quelques semaines à peine ? Dire que j'ai à peine fait de recherches ? Que j'ai tout inventé et que tout parait vrai, c'est sûr, pour moi ça l'est aussi très bien, mais en fait tout est le fruit de mon imagination. J'ai peur de rencontrer quelqu'un qui a déjà voyagé en Mongolie, qu'il me dise : c'est de grosses conneries votre affaire. Il aurait raison d'un côté, parce que ce que j'ai écrit ne doit pas tant ressembler à la Mongolie telle qu'elle est pour quelqu'un qui y a vécu, mais cet homme m'insulterait inutilement. Je n'ai jamais eu pour vocation d'écrire quelque chose de vrai au sens où on l'entend : de tromper qui que ce soit.

“Mais tu as dû faire pas mal de recherche pour écrire ça, non ?”

Je vous avoue, j'ai commencé à mentir. J'ai fait comme ce petit enfant, j'ai préféré le vert. Et je me sens mal. Je n'ai plus reparlé de mon livre à personne ensuite. Je n'étais pas à ma place. Je voudrais dire la vérité, mais quand je dis ce qui est vrai, je suis incomprise. Ce n'est pas une idée que je me fais, je suis vraiment incomprise.

Cette après-midi je vais commencer mon porte à porte pour vendre le Souffle. Et je vais lister ici la vérité, pour m'y tenir, et pour qu'elle soit dite en français, dans une langue commune.

- Jati Putra Pratama -
Moi qui fait du porte à porte…

Tout est inventé, mais tout est vrai. C'est le travail d'un romancier. De faire surgir la vérité plus forte qu'elle ne l'est déjà, en s'échappant de ce qu'on pourrait appeler un mensonge, oui, mais ce n'en est plus un parce que la vérité pure le survole. J'ai écrit sur des choses que je ne connaissais pas, mais ça ne m'a pas empêché de les écrire. J'ai vérifié parfois, quand tout me paraissait invraisemblable, et à chaque fois je disais vrai.

Je l'ai écrit rapidement, car je suis ainsi : très productive, très rapide. Ca ne veut pas dire qu'un livre doit s'écrire en si peu de temps. Je l'ai simplement fait ainsi car c'est ma façon de travailler. Je suis intense et rapide.

Mon livre a été relu plusieurs fois avant l'impression mais il est vrai que j'ai tout fait moi-même. La mise en page, la couverture, la 4ème, parce que c'est aussi ma façon de travailler. Je suis directe et polyvalente et je voulais tout apprendre. Ca m'a parut facile, je ne dis pas qu'un professionnel aurait fait la même chose, je dis simplement que c'était à ma portée.

Dit comme ça, tout parait plus simple. Mais il fallait que je le sorte une fois pour toute avant de me lancer. Aller, je m'habille et je vais marcher dans la neige (si belle !) pour présenter ce livre. En étant juste ce que je suis.

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Bois


Il ne valait presque rien, il pesait son poids de bois mais c’était quand même un petit morceau. Nous l’avons coupé à deux, de biais parce qu’il le fallait. C’était une pièce maitresse, et comme la plupart des maitresses elle oeuvrerait dans l’ombre. Alors nous nous fichions bien de son apparence, le principal était qu’elle soit de biais. Elle a pris sa place, derrière un panneau parfaitement verni. Une petite cale, qui faisait toute la différence, entre les mains de l’Explorateur. Des mains dont le bout des doigts souffraient d’avoir trop froid. Tout était moche, la pièce, ses gants sales, le sol de béton, mais tout était beau : nous travaillons le bois ensemble.

Je ne sais jamais s’il faut mettre un «s» à ensemble.

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Trop plein, avoir trop

Je ne pensais pas que je descendrai si vite. Il est là, il n'est plus tellement là, il suffit alors de trois déceptions pour que rien n'aille plus. Et je me hais. Je me hais de cette couleur-là, de celle qui fait un peu semblant de n'être pas tant toucher par rien, de pleurer même quand il cherche à me plaire. Et encore une colère féroce qui me prend dès qu'on essaie, même gentiment, de me toucher le coeur. Il ne trouve pas les mots, je crois que personne ne peut les trouver. Oui, je crois ça, comme je crois qu'on ne retrouvera jamais ça ou ça et que je suis fatiguée de tourner en rond pour le chercher.

Mais je me hais de cette couleur. Je sais bien qu'il faut que j'use de bienveillance… Non, je ne suis pas dépressive, mais parfois ça en a tout l'air. C'est quand la solitude bat son plein. Quand je ne crée rien pour la vaincre et pour m'ouvrir au monde. Et j'ai peur qu'il ne m'aime plus, car il m'aime tant quand je rayonne !

J'ai fait un dessin, c'est vrai, mais à qui le donner ?

Je me dis : il faut que tu te remettes à écrire, il faut que tu dépoussières tes plumes. François me propose de faire des listes, que même si je ne fais pas tout, que je raye des choses le soir. Que je vois que mes journées ne tournent pas dans la semoule. C'est fade la semoule, sans épices, c'est pour ça que je dis ça comme ça. J'ai fait une liste aujourd'hui. Et j'ai tout coché, sauf “un autre dessin”. Je voudrais être heureuse d'avoir réussi. Mais je voudrais écrire. Je crois que je vais le faire. Il me faut du temps pour souffler en moi-même, l'écriture est un alibi en or.

Quand faut y aller… Faut y aller ! Hop !

J'ai reçu un courrier surprise, un petit chat dont j'admire la finesse. Il est blanc, blanc légèrement doré, le soleil l'illumine mais je vois bien qu'il n'échappe pas à l'ombre sur les côtés de son corps et dans le creux de ses oreilles. J'aime déjà ce petit chat. Je l'aimais avant de le recevoir, je ne l'avais pas oublié, mais je ne savais pas qu'il était pour moi. Ou alors je l'avais oublié, pour qui il était. Et c'est un espoir pour moi. L'espoir que tout n'est pas perdu. Que de déceptions en déceptions, je trouverais peut-être de quoi, vers qui, m'ouvrir en grand, enfin.

En juin nous partons. Nos travaux n'avancent pas très vite, mais je ne suis pas inquiète. En juin nous partons, et je m'en fiche de ne pas tout savoir comment tout se passera, j'ai grand espoir de respirer un peu mieux. Parce qu'aujourd'hui, je lutte quelque part dans mon esprit, dans mon cerveau dans mon coeur pour ne pas me ternir entièrement avec cette couleur que je déteste. Elle ne me va pas. Je ne comprends pas comment elle arrive à me toucher autant, en si peu de coups de pinceau. Mais même les pinceaux les plus fins sont comme des fouets aujourd'hui.

J'ai vu que quelqu'un s'était dévoilé il y a peu, parmi mes belles lectures de blog préférées. Elle va mieux je crois. Je crois qu'elle réussit à dépasser ce que les événements avaient faits d'elle. Je crois qu'elle va réussir à devenir elle-même, avec tout le beau dont elle est capable.

Moi je m'excuse, je culpabilise. J'aurais tout, tout pour être merveilleuse moi aussi. Et aujourd'hui, enfin hier, je suis retombée.

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Céline.

Commander quelques cartouches

Il y a bien un moment où j'en ai plus que marre d'entendre l'Explorateur demander pourquoi je n'ai pas encore envoyé mon manuscrit aux éditeurs. Il a beau y aller avec des pincettes, moi, même les pincettes les plus douces me font mal. C'est le pourquoi. Le pourquoi, non mais quelle question ?! Et elle n'est même pas de moi !

Pourquoi mettre autant de temps pour faire quelque chose de si facile ? De si simple, en fait. J'ai déjà la liste des éditeurs visés. J'ai déjà la lettre de présentation. J'ai déjà le papier, les enveloppes, … ! Alors pourquoi se poser encore des questions ? Pourquoi essayer de répondre à pourquoi, la question qu'on me pose en fait, tandis que tout ce qu'il veut me dire lui c'est “fais-le”. Sauf que voilà, moi quand on me demande pourquoi, je veux répondre à pourquoi. Je me dis que c'est une question intéressante. Je l'ajoute sur la liste des choses à faire avant de finaliser la chose. Avant d'acheter les cartouches noires et les reliures.

Mais aujourd'hui c'est un jour spécial. Le jour où l'Explorateur a recommencé à travailler. Depuis plus de deux semaines qu'il était en vacances, on dit que tous les atomes du corps se renouvellent en 15 ans, moi je n'y crois pas à ce chiffre : deux semaines c'était bien assez à mes atomes pour changer et oublier ce que ça faisait de ne plus avoir d'Explorateur à la maison. Mais un trou dans une planche me l'a bien rappelé. Le trou dans les belles planches que j'avais peintes au rouleau. Je me dis, je lui dis : ce n'est rien, le trou ne se rebouche pas ; mais le souvenir, si. Bientôt, on ne le verra plus. On le remplacera par un auto-collant. Sauf que quand je parle, je dis éto-collant et je n'arrive pas à retirer cette faute de mon langage.

La belle fougère de l'Explorateur.

Alors j'ai commandé les cartouches noires. J'ai oublié pourquoi. Et j'ai payé avec la carte du compte commun. Celle dont l'argent ne vient pas de mon travail.

J'ai l'amitié excessive. J'ai l'impression d'avoir des lianes ici et là qui n'en finissent pas de souffrir à force de trop vouloir serrer. Elles touchent, elles frémissent de plaisir, elles attendent et n'en peuvent plus de transpirer. Deux e-mails là où un bon aurait dû souffrir, mais qui n'est pas venu, trop désireuse de sortir de moi-même que j'étais. Des invitations, encore et encore, de la jalousie quand parfois d'autres savent rendre le service dont je suis incapable. De la jalousie, non pas vraiment. Un autre mot, mais un mot que je ne connais pas. De la jalousie, je crois que c'est contre quelqu'un ou un groupe. Moi c'est comme de la jalousie mais contre moi-même. Contre ce que je suis incapable de réaliser pour que mes lianes caressent et que la sève coule avec bonté chez l'un ou chez l'autre.

On m'assure que ça marche, qu'en fait je fais tout bien comme il faut et qu'on ne me demande pas plus. Mais je suis insatisfaite. Insatisfaite de ce que je donne. Et quand on donne mal, c'est irrémédiable, on reçoit mal. Je souffre d'avance de ne pas y arriver. A avoir l'amitié paisible. Et pourtant, c'est vrai, je suis gentille. Amoureuse de chacun. Loyale. Rayonnante. Ce n'est pourtant pas le problème. Je ne voudrais pas qu'on souffre de savoir ma souffrance.

Je ne sais pas encore si la baleine chante dans l'espoir d'être entendue ou dans le but d'être comprise. Il y a exister, et aussi exister comment pour les autres. Et encore pourquoi.

Mais je pourrais oublier tout ça. Vivre quand même. Vivre malgré tout. Et malgré tout être heureuse. Si seulement je n'avais pas un instinct fou qui me disait que c'était quand même possible. D'atteindre cette plénitude, plus belle et plus grande encore que celle déjà atteinte.

C'est qu'on a fait un trou dans “mon” panneau si parfait. Ca m'a rappelé que même si je rendais le monde entier heureux, il faudrait encore ouvrir la boîte de pandore.

Mais qui êtes-vous donc ? Pour voir.

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Céline.

Peindre au rouleau

Hier après-midi je peignais au rouleau. C'était la première fois. J'avais un rouleau, mon pot de vernis, et une tablette avec un réservoir sur la largeur comme si j'étais une vraie peintre en bâtiment. Je n'avais jamais peint de cette façon. Jamais avec tant de matériel. Jamais si loin de la matière. Peindre au rouleau est assez curieux. On ne sent pas les nervures du bois, on ne sent pas les poils se plier, le coeur ne se serre pas lorsqu'une goutte tombe sur le panneau. Le rouleau passe, roule sur le bois, laisse une trace parfaite derrière lui. Fine, régulière, industrielle. J'ai regretté un instant de ne pouvoir y mettre de moi, dans cette peinture. Je n'étais rien face au rouleau, il passait, je lui tenais la poignet et il peignait devant moi. Il peignait à sa façon, à la façon d'un objet fait pour ça, à sa manière, sans bavure. J'étais spectatrice de son travail.

Vous voyez mes super outils de peintre ?

Mais c'était ce que nous voulions. Nous voulions des panneaux sans défaut, à l'aspect professionnel. Je n'avais rien à voir là dedans. On ne me demandait pas de peindre, avec ma sensibilité, on me demandait de passer le rouleau. Et le rouleau passait. Je faisais preuve d'une humilité nouvelle en peignant ainsi. L'humilité de celui qui accepte de se retirer pour que le résultat soit meilleur que s'il s'était impliqué.

C'était fou. C'était comme si je demandais à l'un de mes élèves de me laisser faire pour qu'il ait une meilleure note à son devoir-maison.

Le résultat passait avant l'acte, avant la réalisation d'un être.

Quelques heures auparavant, l'Explorateur et moi avions parlé avec notre voisine. La voisine avait dit que c'était contre moi qu'il en avait, parce que je l'avais attaqué. Moi, attaquer quelqu'un ? Vraiment ? Mais comment ? Comment quelqu'un avait-il pu en prendre autant de moi qui en donne toujours si peu ?

Cela fait si longtemps que nous étions fâchés. Je préfère ne plus avoir à lui parler, je suis persuadée que la parole, franche et sincère de ma part, n'y ferait rien. Alors je laissais les choses ainsi, durer, perdurer. Et je sais que les larmes de ma voisine sont toujours au bord de ses yeux. Car elle n'aime pas cette vie là. La lourdeur d'une guerre entre personnes, d'une guerre bête et inutile. La séparation pesante entre deux familles qui se font la tête. Et elle, elle qui veut garder ce contact, entre les deux, obligée de tout supporter, la douleur des uns et la douleur des autres.

Et pourtant, je le sais bien, la paix ne vient que lorsque les souffrances des deux parties est reconnue. Même lorsqu'il s'agit de la douleur du méchant.

Et si j'apprenais à passer le rouleau ? Et m'écarter un peu, à écarter un peu qui je suis, ce que je crois, pour laisser une place à la douleur de mon voisin. Pour faire les choses parfaitement, sans bavure, sans défaut. Il a pris ce qu'il a voulu, c'est vrai, il a voulu ce fâcher et m'agresser pour ça, il l'a voulu, c'est vrai, mais si un début de paix était juste à ma portée malgré tout. Malgré les bêtises, malgré la violence. Malgré en fait tout ce qui me rebute. Je ne m'oublie pas vraiment, non, je passe le rouleau.

Alors j'ai écris un petit mot. Je me suis excusée pour ce qu'il avait pris de moi de mauvais, même si je n'avais pas donné tant. Et je lui ai demandé en échange du respect et de la tolérance.

Si ça avait été vraiment moi, je n'aurais rien demandé contre mes excuses. Je ne demande rien, je prends ce qu'on me donne. Mais puisqu'il avait pris une attaque là où je ne mettais que de la malice, puisqu'il ne donnait rien là il fallait tout, je me suis dit que je pouvais demander, que je pouvais me mettre à son niveau.

J'ai mis le mot sous la grenouille de son perron. Le mot a été avalé chez lui. La voisine s'est arrêté à notre hauteur. Elle voulait me parler, je me suis fermée, je ne voulais rien recevoir d'autre, rien recevoir de ce qui ne m'appartenait pas.

Et vous savez quoi ? Je crois que depuis ce mot, ce mot écrit de ma main mais qui est si peu de moi, l'atmosphère de la maison s'est soudain apaisé. La voisine a emmené ma fille chez elle, comme avant. Vous savez quoi ? Je crois que je sais peindre les personnes au rouleau maintenant.

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Céline.

Les mots et l'écoute pour vaincre les colères de l'enfant

Il fallait bien que ça nous arrive un jour. La petite loutre se met en colère. Oui-oui. Ma petite loutre toute parfaite d'amour se met en colère. Pas tout le temps, n'exagérons rien, mais disons que ça lui arrive. Et que ça lui arrivait de plus en plus souvent. Pour un oui, pour un non. Pour tout. Pour le pantalon, pour manger, pour éplucher les clémentines, pour aller aux toilettes, pour descendre les escaliers. L'Explorateur et moi avons alors enclenché le protocole stop aux colères. C'est un protocole de dernier recours : celui de la remise en question et de l'élaboration de nouveaux stratagèmes.

Si vous aussi vous avez un enfant de deux ans ou presque, qui sait déjà dire quelques mots, qui pousse quelques fois quelques colères, si vous avez également mis en route le protocole stop aux colères, voici quelques idées pour surmonter cette étape décisive.

Je vous parlais il y a quelques lignes des clémentines. L'adorable adore séparer elle-même les quartiers des fruits. Elle adore ouvrir et fermer elle-même les portes. Elle adore porter elle-même les plats, les verres, les assiettes, les couverts, les sacs... Il y a tout un tas de choses qu'elle aime faire elle-même. Et j'ai beau être bien sensibilisée à la philosophie Montessori, il y a bien des fois où ça va à la vitesse adulte dans la maison. L'adulte a un rythme qui sait déjà et qui va au but, tandis que le rythme du jeune enfant est plutôt celui de la construction, celui qui fait non pas pour le résultat, mais pour lui-même. Autant vous dire qu'il y a généralement dyssynchronie. Autant vous dire qu'il y a de quoi, quand on y pense bien, énerver une petite loutre. Ca pète très très vite, une petite loutre, vous savez très certainement. L'idée que nous avons établie pour contrer ce problème fut d'inventer le superbe mot clef : "Stop !" Dès que la petite loutre dit "Stop !", enfin, plutôt : "Pop !", on s'arrête. On stoppe tout ce qu'on faisait, pour la regarder. Et on essaie de la comprendre.
Je lui prépare une clémentine à ma vitesse de maman pressée que le repas se termine parce qu'à 13h faut qu'on quitte la maison. "Maman ! Pop ! Pop !" Je m'arrête et ça fait tilt. "Ah oui, tu veux le faire toi-même, c'est vrai…" Sans ça, dans 5 secondes les quartiers étaient séparés et c'était fini de notre fin de repas au calme.

---> Inventer un mot d'alerte pour que l'enfant n'ait pas besoin de se mettre en colère quand les événements lui échappent ou quand quelque chose désagréable survient : stop, arrête, non à moi, … en fonction de ses capacités d'élocution. Nous avons ajouté un geste au mot pour le rendre encore plus direct : elle lève la main à plat vers nous comme si elle voulait nous retenir d'avancer.

Difficile d'atteindre par quelques mots un enfant en colère.
Souvent, je me bouche les oreilles de façon ostentatoire
et je parle doucement à la petite loutre dans l'oreille.

"Non pas dodo là, moi lit papa y maman"
"Non ma loutre, tu dors dans ton petit lit."
Cris abominables de la part de l'adorable.
Si j'étais restée sur mes positions, je me serais dit que nous étions ici devant un combat de volonté. Elle veut ça, je ne veux pas, elle crie. Ca me parait logique, de mon point de vue d'adulte. Et pourtant il me restait un vieux souvenir d'enfance, flou, tout en sentiments : je suis en colère car je crois ne pas être comprise. Et si c'était ça ? On la refait :
"Non moi dodo papa y maman"
"J'ai compris ma petite loutre que tu voulais dormir avec nous… *petit temps de pose pour que chacun se mette au même rythme de compréhension* mais je ne suis pas d'accord."
L'adorable se couche dans son petit lit, renifle un coup et s'endort.
Qui a dit que la magie n'existait pas ?

---> Se dire que finalement un jeune enfant ne veut pas toujours s'opposer à l'adulte, même si son langage verbal, stridentel et gestuel nous semble dire le contraire. Penser à reformuler, penser à dire que nous avons compris ce qu'il voulait avant de le refuser.

La dernière source de colère que nous avons repéré chez notre adorable est la non maîtrise de son environnement causée par l'incompréhension d'un événement, parfois source de peur. Comme pour le stop, nous nous sommes mis d'accord sur quelques mots clefs importants tels que "peur" (en LSF on frappe deux fois avec la paume de la main sur le coeur), "d'accord" (en LSF : les deux poings devant soi se saluent), et "attends" (en LSF : on fait un petit coucou mais au plafond la main à la hauteur du nombril).
L'objectif ici est d'expliquer ce qui se passe, ce qui va se passer, suffisamment longtemps à l'avance pour laisser le temps de comprendre, afin que le jeune enfant ne soit pas surpris, qu'il ne reste pas sur le banc de touche avec ses questions sans réponse.
Pour compléter la chose, on peut lui apprendre quelques mots ou signes à sa portée s'il éprouve le besoin d'en parler lui aussi. Par exemple, la petite loutre pleurait souvent (sans que je ne puisse rien faire pour la consoler) lorsque son papa partait au travail. Je lui ai alors appris le signe "travail" pour qu'elle puisse me dire, elle aussi, ce qui se passe et ce qui la rend triste. Depuis, les départs de l'Explorateur passent presque inaperçus !
On peut évoquer les sentiments négatifs : colère, tristesse, … ainsi que, évidemment, leur contraire positif.

Et surtout, là où ça a marché du tonner avec notre loutre, nous faisons tout pour l'impliquer dans les explications grâce à nos petits mots clefs "attends" et "d'accord". Elle a ainsi la capacité de nous dire si elle est satisfaite du temps que nous lui avons consacré ou si elle a besoin de plus d'explications.
Petit exemple : nous avions une panne de voiture (d'ailleurs, à présent nous n'avons plus de voiture du tout…) et nous reculions la voiture en la poussant. La petite loutre avait désiré entrer dedans pour jouer. Dès que les roues se sont mis à tourner doucement, elle s'est mise à hurler contre nous. Comme une folle. Vraiment, ça faisait peur. Heureusement, les mots clefs étaient là !
"Pop ! Moi y'ai peur !"
"Mais la voiture va super doucement, tu ne crains rien."
"Moi attache."
"Non, je ne t'attache pas, il n'y a pas de danger, c'est maman et papa qui poussent la voiture. Tu es d'accord ?"
"Non, attends. Moi attache !"
"Si tu as peur, tu peux sortir de la voiture pendant la manoeuvre. Tu retourneras y jouer après."
"……… accord."

---> Et oui, c'est un peu bê-bête mais les réactions d'un petit enfant faisant suite à la peur ou à l'incompréhension peuvent s'apparenter à la colère. Pas facile à gérer, il faut le savoir…

Si vous avez des idées à partager vous aussi, n'hésitez pas ! Je suis preneuse. Oui, il reste encore quelques colères et oppositions que nous n'avons pas élucidées :-( J'espère que cet article vous sera utile, que vous saurez y trouver des mots et la bonne manière pour écouter votre adorable et terrible protégé.

A vous les studios !

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Céline.

Devenir président(e)
en 18 points

Pour se présenter, le candidat à la présidence de la République doit :
  • ne pas être privé de ses droits civiques concernant l'éligibilité ;
  • avoir au minimum 18 ans (jusqu'en 2011, la limite était fixée à 23 ans) ;
  • être inscrit sur une liste électorale ;
  • avoir recueilli au moins 500 « parrainages » d'élus (maires) sur les 2/3 du territoire (voir section suivante) ;
  • avoir établi une déclaration de situation patrimoniale ;
  • posséder un compte bancaire de campagne ;
  • être de nationalité française.
À noter que le président qui vient d’accomplir deux mandats consécutifs n'est pas autorisé à se représenter. [merci wikipedia]

2016 est arrivé et j'hésite encore avec cette tradition des bonnes résolutions. Ce n'est pas que je n'ai pas d'idées, c'est plutôt que je m'interroge sur la notion même des résolutions. Je crois que ce ne sont pas des résolutions que j'ai en tête. Je n'ai pas d'idée de changement, pas de remise en question, j'ai plutôt des envies. Dessiner plus. Lire plus. Ecrire un nouveau roman. Vendre plus de livres. Aider l'Explorateur à la rénovation du combi Otto. Aider mes élèves. Prendre soin de ma fille. Dans tous les sens du terme. Et puis partir.

Et une autre idée a germé en moi ce soir. Mon beau père disait en rangeant les couverts : "Je me suis renseigné, pour se présenter, faut 5000 signatures de maires. C'est pas la peine d'y penser."

5000, c'est énorme. Mais 500 ? C'est faisable ! Enfin, il me semble. Et pour la première fois de ma vie, je me suis posée la question suivante : et si je me présentais aux présidentielles ?

- I Love Snowfall, by Aneta Martin -
Ca vous dirait pas à vous, de présenter de belles idées
aux aquariums des bureaux de vote ?

Ainsi, pour la première fois sur ce blog, pour que l'année 2016 commence dans l'optimisme et la simplicité, je vais vous faire une liste !! Oui, oui, une liste. Une liste numérotée s'il vous plait messieurs dames !

Idées politiques :
  1. Instauration du revenu universel,
  2. Arrêt du nucléaire,
  3. Réappropriation énergétique pour les territoires et les particuliers,
  4. Rééquilibrage des statuts et des charges des entreprises,
  5. Gratuité des transports en commun,
  6. Formation aux pédagogies pour tous les enseignants,
  7. Suppression des projets tels que les grands aéroports, les autoroutes...,
  8. S'impliquer pour un développement durable et humain de l'Union Européenne,
  9. Création d'une véritable démocratie française.
Devenir crédible :
  1. Parler couramment une langue étrangère (je table sur l'anglais),
  2. Apprendre le fonctionnement des élections, de l'établissement des lois, des représentants en France,
  3. Savoir placer tous les pays du monde sur une carte,
  4. S’intéresser à la politique étrangère,
  5. Avoir des rudiments d'économie et de droit,
  6. S'appuyer sur ses forces : intelligente, bonnes connaissances scientifiques, humaine, riche d'idées et enthousiaste,
  7. Connaître ses faiblesses : manque de répartie, inconnue au bataillon, sans parti politique et idéaliste,
  8. Ouvrir le débat auprès des citoyens sur leur priorité politique,
  9. Convaincre qu'il existe évidemment des solutions simples et compréhensibles, réinvestir les citoyens.
Voici les 18 points que j'ai en tête pour devenir présidente. Qu'en pensez-vous ? Qu'attendrez-vous d'une présidente pour qu'elle tienne la route ? Je vous attends sur cette question qui a peut-être l'air délirante dite comme ça, mais l'idée m'a frappée de plein fouet ce soir et...

Et si c'était bien réalisable ?

En attendant 2017, je vous souhaite à tous mes meilleurs vœux. Que vos rêves se réalisent. Quelles que soient leur ambition.

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Céline.

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