Cet article s'adresse aux personnes qui rêvent de devenir écrivain mais qui ne savent pas comment on accède à ce métier. Ecrivain, c'est particulier, voyez-vous, comme pour tous les métiers artistiques. On peut bien faire une école d'arts plastiques, de musiques, de lettres ou je-ne-sais-quoi, ça ne fera pas de vous un peintre, un sculpteur ou même… un écrivain. Pour être écrivain, il faut faire. Il faut concrétiser votre savoir faire, vos mots. Et c'est souvent là que le bât blesse. C'est vrai qu'il y a beaucoup de romans imprimés tous les ans, c'est vrai qu'il n'est pas facile de faire sa place au sein du monde littéraire. Mais là n'est pas la question. En tant qu'écrivain, vous devrez avant-tout écrire pour réaliser votre talent. La vente, le marketing, la réussite, le profil, l'argent et tout, c'est un autre métier. Enfin, ce sont d'autres métiers. Dans cet article, je vais simplement vous expliquer comment devenir écrivain. Libre à vous ensuite de devenir l'écrivain que vous voulez : à succès, maudit, raté, à l'académie française, amateur. Allez, entrons dans le vif du sujet !
Bon, là, vous allez me dire : "Ok, je passe. C'est un article bidon." Stop ! C'est pas un article bidon, c'est un conseil é-vi-dent. Et oui, pour exercer une activité, qu'elle soit professionnelle, sportive, de loisir ou quoique ce soit, il faut lui consacrer du temps. C'est une évidence. Mais permettez-moi quand même de vous le rappeler. Etre écrivain, ça prend du temps… Un temps fou !
On pourrait dire un truc du genre : imaginez un dentiste qui vous dit qu'il est dentiste mais dont le cabinet est tous les jours fermés, est-il vraiment un dentiste ?
Déjà, si je vous disais ça, ça serait une bonne chose de faite. Mais ce n'est pas suffisant. Un écrivain travaille beaucoup plus qu'un dentiste, qu'un médecin ou qu'un ingénieur. Un écrivain n'a pas d'horaires. Un stylo ou un clavier peut fonctionner 24h/24 tant qu'il y a de la lumière au dessus de lui, alors l'écrivain peut travailler tout autant (et mon clavier est lumineux, imaginez donc mes horaires !).
Donc, avant de commencer le moindre projet : reposez-vous, trouvez une nounou pour les enfants, passez à 25% dans votre autre travail, mettez de l'argent de côté, résiliez tous vos abonnements (netflix, …), finissez tous vos livres. En gros : gagnez du temps et de l'énergie coûte que coûte.
Au début, ça ne sera pas facile, croyez-moi. Vous écrirez une page le premier jour, vous serez vraiment très content de vous et puis… le second les mots ne viendront pas. Le troisième jour vous vous botterez le derrière et vous ferez une page de plus. Le quatrième votre esprit divaguera beaucoup, vous lirez des pages wikipedia à rallonge et vous vous coucherez fatigué après avoir écrit quelques lignes. Le cinquième jour vous vous demanderez si ça vaut vraiment la peine. Et puis voilà comment foutre une carrière en l'air.
L'idée est ici de rendre l'écriture comme quelque chose d'évident. Ecrire doit devenir une habitude, doit devenir naturel, facile. Et je vous assure que ça vient très vite ! Le cerveau est un organe vraiment incroyable. Si vous faites régulièrement une activité, si vous vous entraînez, vous allez rapidement progresser. Donc, écrivez vraiment très régulièrement. Tous les jours. Week-end inclus. Fixez-vous un objectif (1500 mots, 6000 caractères ?) facilement atteignable. Moi, personnellement, j'aime bien les objectifs en caractères parce dès qu'on commence à écrire, les chiffres montent viiiite ! Enfin, ça me motive bien.
Et je vous assure vous allez voir rapidement le résultat de vos efforts. Au début de mon roman, je peinais à atteindre mes 5000 caractères par jour. Parfois même je m'arrêtais à 3500 parce qu'il y avait ma fille à aller chercher ou parce que j'avais des cours. Et puis au bout d'un mois et demi, j'écrivais facilement 10000 voire 15000 caractères sans effort !
C'est un peu l'objectif du Nanowrimo je pense. Sauf que le Nanowrimo, 50000 mots en 30 jours, c'est vraiment
hard (mais pas impossible !). Si vous vous lancez là dedans, quittez tout : travail, enfant, mari ! Ou alors, entraînez-vous avant. (Mais oui, vous allez y arriver !!! :-D )
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Vous avez vu un peu la maîtrise ? Inversion sujet-verbe, woohoo ! |
Je vous présente ici un conseil que je n'ai lu nul part. Il s'agit donc d'un conseil inédit qui m'est entièrement personnel. Je ne suis pas certaine qu'il soit excellent mais c'est celui qui a fait la différence sur moi. Attachez-vous à ce que vous réalisez. Et pour s'attachez, il faut le côtoyer, le rencontrer, le dorloter, pendant plusieurs jours. Oui, écrire régulièrement pour un blog, des petites nouvelles, des poèmes, c'est une bonne chose, ça entraîne, mais ça n'a rien à voir avec une oeuvre construite. La longueur de votre réalisation a une importance capitale dans l'expérience que vous allez acquérir en tant qu'écrivain.
Comme lorsqu'il s'agissait d'écrire des dissertations de français, un travail effectué en 30 min n'a rien à voir avec un écrit de 2h, ou de plusieurs jours…
Etre écrivain signifie que vous écrivez pour plusieurs jours… Vous allez faire un travail sur plusieurs mois ! Alors, n'hésitez pas à vous lancez dans un projet d'envergure. Un recueil complet, un ROMAN !
Petit à petit, jours après jours, comme pour l'expérience que vous allez acquérir en écrivant régulièrement, vous allez développer une réelle affinité avec votre oeuvre. Vous connaîtrez vos personnages sur le bout des doigts, vous y penserez tout le temps, vous rêverez comme vos personnages. Ils prendront vie autour de vous. Et l'écriture n'en deviendra que plus évidente !
N'hésitez pas à faire lire ce que vous écrivez. La lecture par autrui est à la fois un piège est un excellent stimulant. C'est un piège si une fois que quelque chose est lu, vous vous interdisez de le modifier. Par exemple : "Oh ! Untel a lu que mon personnage s'appelait comme ci ou comme ça, que lui c'était l'oncle, qu'en fait il était orphelin… Voilà maintenant je dois faire avec !" Non, non, non ! La lecture ne rend pas votre oeuvre intouchable, vous êtes libre de la modifier encore et encore tant… bah tant qu'elle n'est pas imprimée, pardis !
C'est pareil avec les éléments dont vous n'êtes pas certain. Si vous êtes lancé, attendez plutôt un temps mort pour vérifier. (Quelle est la monnaie en Mongolie ? Aucune importance, là n'est pas le sujet, on verra plus tard ! Allez, j'écris !)
Faire lire me motivait beaucoup. Je me disais que l'Explorateur devait lire, au moins, un chapitre par semaine. Oui, je ne lui faisais lire ce que j'avais fait que chapitre après chapitre, il ne lisait rien de pas-fini-du-tout, ça me mettait trop de pression sinon. Et il aimait ce que j'écrivais ! Il aimait beaucoup ! Il me disait : "La suite ! La suite ! C'est trop prenant !" Alors j'avais envie de m'y remettre dans l'instant.
Voir que ce qu'on écrit plait, est vraiment très motivant. Et puis, je pouvais parler de mes personnages avec quelqu'un. Il me racontait ce qu'il pensait de tel ou tel personne et ses réflexions m'aidaient beaucoup pour rendre mes personnages encore plus vivants !
Et ne vous cherchez pas mille et une excuses si ce que vous avez écrit n'est pas satisfaisant : évidemment que ce n'est que le premier jet, évidemment qu'il y a encore des fautes, évidemment que vous pouvez corriger les répétitions, les phrases trop longues et tout. Tout ça n'a pas vraiment d'importance tant que vous arrivez à toucher du bout des mots l'essence de votre oeuvre. Un bon lecteur, un lecteur qui vous encourage, ne vous en tiendra pas rigueur. Ayez confiance en lui.
Là, c'est encore une évidence… Vous voulez être un écrivain à succès ? Ecrivez quelque chose de bon, qui plait, qui se publie bien. Vous voulez être un écrivain jeunesse ? Ecrivez quelque chose pour les enfants de l'âge qui vous intéresse. Enfin, voilà quoi, je ne vais pas détailler. Et rencontrez d'autres écrivains dans votre genre. N'hésitez pas à les contacter ! Ne restez pas planqué. Ne restez pas un écrivain qui rêve de le devenir parmi d'autres écrivains en herbe.
C'est peut-être quelque chose qui se discute. Sommes-nous notre métier. Sommes-nous encore notre métier lorsqu'on sort du bureau, du cabinet, de l'usine… Un professeur est-il encore un professeur lorsqu'il fait ses courses ? Un dentiste (oui, encore lui) est-il encore un dentiste lorsqu'il mange une barbe à papa dans une fête foraine ? Un cuisinier est-il encore un cuisinier lorsqu'il mixe la soupe pour ses enfants le soir ?
Bon, vous êtes écrivain du moment où vous vous lancez pleinement dans votre projet, alors n'hésitez pas à le dire autour de vous ! Oui, vous laissez les enfants chez la nounou alors que vous restez à la maison, mais c'est normal : vous êtes écrivain ! Oui, parlez-en, n'hésitez pas. Et si on vous pose une question gênante du genre : "Ah oui… et vous avez écrit combien de livres jusque là ?" N'hésitez pas à mentir selon la personne qui vous interroge. Vous n'avez pas à justifier votre profession devant tout le monde. Personne ne demande à voir le diplôme d'un… dentiste lors d'une discussion à la table d'un restaurant que je sache ! Dites ce que vous voulez : "J'écris mon premier roman, un éditeur s'est déjà montré intéressé par mon oeuvre." Ou, si vous êtes sûr de ne pas revoir votre interlocuteur trop régulièrement : "Vous pouvez trouver mes ouvrages à la FNAC." Ah ah ! Qu'est-ce qu'on s'amuse !
Devenir professionnel ne s'arrête pas là. Vous vous présentez aux autres comme un écrivain alors… soyez écrivain, pensez écrivain. Promenez-vous avec un calepin si ça vous aide, renseignez-vous continuellement sur tout, pour nourrir vos futurs romans. Soyez curieux, créatifs ! Pas besoin de porter des lunettes mais ça doit devenir une évidence à vos yeux : vous ETES un écrivain.
Faire éditer un livre peut prendre beaucoup-beaucoup de temps alors en attendant l'édition à 100 000 exemplaires, pourquoi ne pas faire imprimer votre ouvrage à petit tirage ? 10 ou 20 pour la famille, en impression à la demande pour vos fans ? Faites une belle mise en page, choisissez un beau papier. Faites vous plaisir et soyez fier de vous ! Déposez-le auprès de la BNF (ou ailleurs), pour le protéger.
Alors là, c'est un conseil que je donne à moi-même. J'ai écris mon premier roman l'hiver dernier et depuis je ne me suis pas lancée dans un gros projet d'écriture. Je m'entretiens un peu avec le blog, c'est vrai, mais je vous assure que ça n'a rien à voir avec un roman. Alors la belle expérience que j'avais acquise l'année dernière, mes 10 000 caractères par jour et tout et tout, je l'ai perdue, j'en ai bien peur.
Etre écrivain ça s'entretient. Et ce n'est pas facile de faire de la place aux dédicaces, aux ventes du premier livre, à sa promotion, distribution, aux autres travaux qui reprennent leur place dans l'emploi du temps, aux enfants qu'il ne faut pas négliger quand même… enfin à tout ça et aussi au second roman (encore meilleur que le premier !) qui attend son tour.
Vraiment, être écrivain, ce n'est pas de la tarte !