: Allaiter son enfant (les 5 premiers jours)
Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

vendredi, septembre 19, 2014

Allaiter son enfant (les 5 premiers jours)

Avoir un ou des enfant(s) est une aventure fabuleuse qui change notre vision de la vie. Les dernières semaines avant l'accouchement s'allongent en ne plus finir et puis, d'un coup, tout s'accélère ! Des contractions, la route vers la maternité, quelques péripéties plus ou moins agréables et PAF ! Un nouveau bébé !

Là, on pourrait se dire : c'est bon, c'est fini ? Je peux me reposer ? Et bien non ! Les événements s'enchainent ! Le couple devient famille, la famille devient plus grande famille encore, la femme devient mère, la mère expérimentée devient de nouveau jeune maman, le compagnon (si fort, si viril !) devient fébrile avec les larmes aux yeux. Il vous admire, il admire le chérubin, le monde change de couleur. Et puis il y a les petits soins pour que le bébé soit à son aise dans son nouveau monde aérien de lumière. Il y a les pleurs, les sages-femmes, les puéricultrices, les visites… Et pour ma part, comme pour beaucoup de femmes, il y a eu l'apprentissage de l'allaitement.

La petite bulle dans le ventre, on ne m'avait rien caché : l'allaitement c'est super pour l'enfant ! Il tombe moins malade, il a des câlins à gogo, pas de problème de digestion, un début de vie qui commence bien. La maman n'est pas en reste : l'utérus revient plus facilement à une forme normale, plus de règles avant quelques mois (super quand perdre du sang vous fatigue !) et de belles séances de relaxation en donnant le sein. J'oublie surement de nombreux avantages… Voilà ce qu'ils avaient écrit sur la boite de l'allaitement maternel. Voyons un peu ce que ça donne en vrai :


On ne m'avait rien caché hormis le fait, mais c'est un détail, que allaiter, et bien, cela s'apprend ! Le bébé et son réflex incroyable de succion, le fouissement pour trouver le sein tout seul, d'accord, mais quid de la position pour ne pas avoir mal ni au dos ni au sein ? Quid de la résistance face aux compléments alimentaires qui bousillent votre lactation ? Quid des sages-femmes qui vous disent qu'il faut que le petit ait 30 mL de lait au bout de 3 jours et que vous avez "oublié" ne mesurer combien de lait est sorti de vos seins ? Quid du tire-lait qui effraie et qui tue totalement votre sex-appeal ?


Allaiter c'est naturel, certes, mais les humains apprennent, même les choses naturelles. On apprendre à chasser, on apprend à reconnaitre ce qui se mange, ce qui empoisonne, on apprend à parler, à marcher… Les humains apprennent ! Téter est peut-être un réflex chez le bébé (et encore, nous verrons que cela se discute) mais allaiter n'est pas un réflex pour toutes les mères. Il m'a fallut apprendre. Sans professeur, ou presque.

Epuisée par l'accouchement, je me sentais incapable de tenir la petite bulle dans mes bras. Une dame recousait quelque chose quelque part sur mon corps, exactement là où je ne pouvais rien voir (comme par hasard !), j'avais envie de repos. La petite bulle glissait contre mon torse qui ne pouvait s'empêcher de trembler, quelqu'un a bien tenté avec violence de me la greffer au sein mais rien n'y faisait : je ne voulais pas, la petite bulle avait des hauts le coeur et repoussait le sein, j'ai prié qu'on la prête à son papa qui la dévorait des yeux.

Pas de tétée magique dans la salle d'accouchement pour moi. Ni moi ni la petite bulle n'en voulions, c'était notre droit. Il semblerait qu'ensuite allaiter devient beaucoup plus difficile. Le bébé oublie son réflexe de succion, la maman n'a pas de lait. La misère. Je m'en fichais, j'étais quand même sereine.

C'était sans compter sur le personnel, qui au bout de 23 h de repos bien mérité (aussi bien pour moi qui avait du mal à me mouvoir que pour la petite bulle qui crachait des glaires à tout va), apporta un flacon de lait AH ou HA (enfin, rien de bien appétissant) et une seringue, me disant qu'il fallait absolument que la choupette mange sinon elle allait s'épuiser et ça irait de mal en pire puisque je n'étais pas capable de lui donner le sein. La femme attrape ma fille, se place au bout de la chambre pour profiter de la lumière du couloir (il était 5h du matin !) plonge sa seringue dans le flacon et l'injecte dans la bouche de mon adorable. La petite bulle avale la totalité. Je pleurniche : "Mais elle crache des glaires depuis hier matin !", la femme me dit que ça pourra l'aider à se vider l'estomac. La petite bulle n'a plus craché de glaire ensuite, la femme m'a dit : "Vous voyez ?" Mes seins pleuraient des larmes jaunes et épaisses comme de l'huile.

Le lendemain j'ai repris les choses en main et à l'aide d'un tire-lait que j'abhorrais, je réussis à exprimer quelque millilitres de l'huile essentielle maternelle. Je le donnais à ma fille à la seringue, le sein, elle ne savait pas quoi en faire ! Ce n'était jamais suffisant pour le personnel, quelques millilitres, il en fallait 10, puis 20 puis 30 ! C'était impossible pour moi !

Je ne savais pas mettre ma fille au sein, ma fille refusait le sein, elle refusait la pipette maintenant. Mes seins débordaient, elle avait faim. Une femme me sauva une journée : elle me montra que c'était possible grâce à beaucoup de bonne humeur et quelques gouttes d'eau sucrée ! La petite bulle téta sans s'arrêter pendant toute la matinée, c'était formidable ! Cette femme magicienne s'appelait Françoise, sans elle, je n'arrivais pas à faire téter l'adorable, je l'appelais sans arrêt. Françoise nous épargna le bain, les vitamines, les visites diverses et variées, il n'y avait q'un papa, une mère radieuse, et une fille apaisée.

Mais voilà, Françoise ne travaille pas tous les jours. La nuit, la petite bulle qui refusait le sein de sa maman commença à avoir bien faim. La maman s'endormait dans un lit trempé d'un lait qui montait, qui montait… Ma fille réclamait ce lait, j'étais incapable de le donner. Des sages-femmes passaient et m'accusaient de ne pas avoir confiance en moi. Elle disait : "C'est facile ! Faites comme ça !" Elles pinçaient mes tétons, les enfonçaient dans la bouche de la louloute puis repartaient. La porte claquée, la demoiselle lâchait immédiatement ce sein dont elle ne savait que faire et criait sa famine !

Je refusait obstinément tout lait complémentaire, tout biberon. Mais il a fallut me rendre à l'évidence : mes seins étaient si lourds que je ne me reconnaissais plus dans la glace, ma fille ne voulait plus s'approcher de moi tellement cette odeur de lait sucré la rendait folle. Le papa lui offrit de mon lait, tiré pour m'apaiser, au biberon.

Je décidai de quitter la maternité le lendemain (quand la petite avait 5 jours). Chez moi, j'offris à chaque tétée le sein à ma fille, qui le refusait. Je lui proposais tranquillement, sans craindre de ne pas avoir confiance en moi, sans craindre de pleurer quand l'adorable se mettait trop en colère. Et puis venait le biberon pour la nourrir, j'échouais à chaque fois. La nuit, j'étais fatiguée, je pensais abandonner (du moins, pour cette fois) et la petite bulle prit peut-être un peu peur (du lait réchauffé au biberon pour toute la vie ? Beurk !) et téta enfin au sein ! Je criais au papa de jeter ce biberon en préparation : Elle tète ! Elle tète ! Plus de biberon ! C'est fini !

On ne m'avait pas dit qu'un réflex de succion, ça ne faisait pas tout pour téter. Il faut aussi que le bébé ait la langue bien placée (sous le téton), il faut avoir son enfant collé contre son ventre, il faut avoir du lait qui coule suffisamment pour ne pas décourager un petit un peu fatigué. Il ne faut pas écouter ceux qui vous disent que quelques millilitres ce n'est pas suffisant*, ou qu'il suffit d'avoir confiance en soit, sans vous regarder. Il faut observer son enfant, la façon dont il s'y prend, il faut être patient et réconfortant.


Note finale du test : 3/5


C'est pas jojo. On pourrait mieux faire avec plus de bienveillance, plus de douceur, plus de compréhension et plus d'écoute. La fin du test a été beaucoup plus concluante mais les 4 premiers jours restent gravés dans ma mémoire.

*Pour les mères qui ont un enfant bien portant et qu'on oblige pourtant à peser leur enfant avant et après chaque tétée, à qui l'on fourre des biberons de lait AH ou HA (je ne sais plus) entre les mains, j'ai envie de dire ceci : seuls le poids journalier et les urines peuvent indiquer si votre enfant boit assez ou pas. S'il ne boit pas suffisamment, remettez-le au sein encore et encore, quand ils y ont gouté, ils adorent ça !

A suivre…

2 commentaires:

  1. Très bel article. C'est vrai que selon le personnel en clinique la tétée se passe plus ou moins bien. Il y a celles qui prennent les seins comme des objets sans importance et les triturent avec violence pour faire prendre le sein, et d'autres qui prennent le temps.
    Sur 5 jours de clinique, on m'a donné une certaine technique, qui a été totalement balayée par la sage femme qui me suit à domicile et qui m'a donné des conseils bien plus efficaces pour la prise du sein ! Comme quoi, il faut s'accrocher et puis c'est pour les petits bouchons :)

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    1. Oui, au début il faut un peu s'accrocher et après, tu verras, c'est le top du top ! Tu pourras, si ça t'intéresse, lire l'article suivant sur le sujet. Il est vieux, je ne m'en souviens plus très bien, mais je crois que je racontais comment se déroule l'allaitement au quotidien, et combien c'est pratique dans la vie de tous les jours !
      Bisous à ta petite famille toute neuve !

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A bientôt !
Céline.

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